1Q84 (Livre 3 - Octobre-décembre) by Murakami Haruki

1Q84 (Livre 3 - Octobre-décembre) by Murakami Haruki

Auteur:Murakami,Haruki [Murakami,Haruki]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Lit. japonaise
Éditeur: Belfond
Publié: 2012-02-29T23:00:00+00:00


16

Ushikawa

Une machine efficace, constante, insensible

LE LENDEMAIN MATIN, installé par terre à côté de la fenêtre, exactement comme la veille, Ushikawa poursuivit sa surveillance par l’interstice des rideaux. Les mêmes visages que ceux qui étaient revenus la veille au soir – ou du moins qui lui parurent parfaitement semblables – sortirent de l’immeuble. Tous ces gens avaient la mine sombre, le dos courbé. Ils semblaient épuisés, déjà dégoûtés de la nouvelle journée qui ne faisait que commencer. Il ne vit pas Tengo parmi eux. Néanmoins, Ushikawa actionna le déclencheur et photographia tous les visages qui défilaient. Il disposait de suffisamment de pellicules et il fallait qu’il ait de la pratique s’il voulait réussir ses clichés.

Quand l’heure de départ au travail fut passée, une fois qu’il se fut assuré que ceux qui devaient sortir s’étaient bien absentés, Ushikawa quitta l’appartement et entra dans une cabine de téléphone public. Il composa le numéro de l’école de Yoyogi et demanda Tengo. Au bout du fil, une femme lui répondit : « Le professeur Kawana est en congé depuis une dizaine de jours.

— Serait-il souffrant ?

— Non, mais quelqu’un de sa famille a eu un problème de santé. Je crois que le professeur Kawana s’est rendu à Chiba auprès de cette personne.

— Sauriez-vous quand il sera de retour ?

— Nous l’ignorons », répondit la femme.

Ushikawa la remercia et raccrocha.

La famille de Tengo, à sa connaissance, était réduite à son père. Ce père, qui avait travaillé comme collecteur de la redevance pour la NHK. Tengo ignorait tout de sa mère jusqu’à présent. Et d’après ce qu’Ushikawa savait, il s’était toujours mal entendu avec son père. Pourtant, le jeune homme s’était absenté de son école depuis plus de dix jours pour s’en occuper. La question tracassait Ushikawa. Pourquoi Tengo avait-il changé si soudainement d’attitude ? Et ce père, de quelle maladie souffrait-il ? Dans quel hôpital de Chiba séjournait-il ? Il y avait certes moyen de vérifier tout cela, mais il lui faudrait y consacrer une demi-journée. Et son guet serait interrompu.

Ushikawa hésita. Si Tengo était loin de Tokyo, garder l’œil sur l’entrée de son immeuble n’avait plus beaucoup de sens. Il serait peut-être plus sage d’explorer d’autres directions et, dans l’immédiat, de mettre un terme à sa surveillance. Il pourrait par exemple s’enquérir de l’établissement où le père résidait. Ou bien approfondir l’enquête sur Aomamé. Rencontrer ses anciens collègues de travail ou ses camarades de l’université et les questionner sur sa vie privée. Il récolterait peut-être de nouveaux indices.

Pourtant, après une longue réflexion, il décida de continuer à épier l’immeuble. Tout d’abord, s’il abandonnait sa garde, son rythme quotidien qui commençait à se mettre en place serait perdu. Il devrait tout reprendre à zéro. Ensuite, s’il se lançait maintenant sur la piste du père de Tengo ou sur les relations d’Aomamé, obtiendrait-il un résultat en rapport avec la peine que cela exigerait de lui ? Par expérience, il savait qu’enquêter en utilisant ses jambes était efficace jusqu’à un certain point. Au-delà, curieusement, on stagnait. Et enfin, son intuition réclamait de lui qu’il ne bouge pas de là.



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